À propos d'un article publié par Front de Gauche Pierre Bénite 15 février 2016
Les tenant-e-s d'une primaire à « gauche » donnent deux arguments principaux.
Le premier : ce serait l'occasion d'une discussion au fond des choses. Cet article montre que la candidature Mélanchon atteint cet objectif. Remarquons que les campagnes électorales des vraies élections devraient servir à ce que promet la primaire. Les électeurs s'abstiennent massivement . Au lieu de chercher à comprendre pourquoi on leur propose de voter une fois de plus mais « à blanc ».
Le deuxième : ce serait la seule possibilité d'éviter un deuxième tour des présidentielles sans un-e candidat-e de gauche. Remarquons que la gauche ne gouverne plus depuis 1983, tournant de la politique mitterrandienne. La participation épisodique de ministres communistes n'a pas pu donner ne serait-ce qu'un semblant de rose dans la politique du pouvoir « socialiste ». Il est donc certain qu'une primaire dans les conditions actuelles du rapport de forces politiques, des alliances et des mésalliances que les uns et les autres ont pu commettre dans les dernières élections importantes, municipales et régionales, serait un cautère sur une jambe de bois.
Une remarque sur la question européenne. Sur la question de l'Union Européenne l'auteur de l'article est d'une mauvaise foi insondable. Sortir des traités, Monsieur Durand, c'est clair. C'est ce pourquoi on s'est battu et gagné en 2005, c'est ce vote bafoué par Sarkozy et Hollande que nous devons défendre, dont nous devons imposer l'application. Sortir des traités c'est sortir du traité de Maastricht. C'est donc priver « les marchés », comme vous dites, surtout priver les politicards européens à la solde des capitalistes des leviers institutionnels dont ils se servent pour imposer la satisfaction de leurs intérêts.
Mais il est vrai que vous êtes prisonniers, vous et la direction du Parti Communiste, d'une position dont la raison m'échappe et que vous même auriez du mal à expliquer : l'Union Européenne est une réalité intangible et pas question d'en sortir. Ce dogme bloque toute discussion et c'est certainement ce qui stérilise beaucoup d'efforts dans la volonté de mobilisation des électeurs et électrices potentiellement de gauche.
La démarche de Mélanchon est donc la remise en question violente et salutaire des institutions de la Ve République, la seule voie pour sortir de l'impasse d'une alternance « gauche » dure aux pauvres et d'une droite encore plus dure. La question du programme, à ce stade, est complètement prématurée et vous le savez bien. C'est ce qui enlève beaucoup de crédibilité à votre article.