Le poème caché
Tu te caches, mon poème.
Je ne sais où te chercher.
Dans l'éclat d'un diadème ?
Dans la pente douce de l'été ?
Est-ce là ta couverture ?
Est-ce cela ton bel écrin ?
Tu te moques de la fêlure
Tu te moques du chagrin
Tu te caches mon poème,
Je ne sais où te chercher
Dans l'éclat d'un diadème ?
Dans une amourette d'été ?
Ou bien dans les madeleines
Qui ravivent tous les sens
Mais nous laissent hors d'haleine
Nous quittant dès qu'on les pense
Tu te caches mon poème,
Je ne sais où te chercher
Dans l'éclat d'un diadème
Qui finit par m'aveugler ?
Ou peut-être dans le lagon
De cette verte île si fière ?
Ou dans ces maudites passions
Qui poursuivent des chimères ?
La douceur de l'air enivre et empêche de penser.
Tu te caches mon poème,
Je ne sais où te chercher
Est-ce l'éclat d'un anathème
Qui finit par m'aveugler ?
Ou alors c'est une montagne,
Magnifique de blancheur
Qui, jouant mat de cocagne,
Te place haut pour mon malheur ?
Tu te cache mon poème,
Je ne sais où te chercher
Ils sont beaux les chrysanthèmes
Est-ce là qu'il faut chercher ?
Dans cette petite rivière
Qui fait chanter ses galets
Dont l'eau semble être lumière
J'aimerai tant te retrouver !
Tu te caches mon poème,
Je ne sais où te chercher
Même dans l'aurore blême
Je savais t'apprivoiser
Est-ce dans ce sable fin,
Fin de vaguelettes mourantes
Que je trouverai enfin
Ce qui quelque fois t'enfante ?
La douceur de l'air enivre et empêche de penser.
Tu te caches mon poème,
Je ne sais où te chercher
L'amitié est un diadème
Que parfois tu sais chanter
Les beautés du monde t'inhibent
Tu ne veux pas te montrer
Et les peines ne s'exhibent
Par un coeur si déchiré
Tu te caches mon poème,
Je ne sais où te chercher
Quel funeste avril blasphème
Le poisson nous a joué
Et le crabe sans pitié
Son travail de sape fini
Nous a fait son pied de nez
Qui nous laisse anéantis
Je te vois donc mon poème
Inutile de te cacher
Nul soleil, nulle beauté même
Ne pourra te dénicher
Tant que mon coeur sera plein
De cette douloureuse absence
Je ne serai pas enclin
A t'offrir une résurgence
La douceur de l'air enivre et empêche de penser.