Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ah tu verras !
31 mars 2021

L'assiette politique du système

Du temps de ma jeunesse, toujours intéressé par la politique, j'observais que le système capitaliste pouvait se permettre, en France, d'avoir une opposition politique anti-système (socialistes et communistes principalement), d'avoir une opposition pro-système (giscardiens, centristes), d'avoir une majorité presque uni-parti, les gaullistes.

Petit à petit la majorité favorable au système a dû s'élargir en intégrant, en plus des forces d'opposition favorables au système, des forces qui était auparavant anti-système.

Quelques étapes.

Giscardiens et centristes, dans l'opposition jusqu'en 1969, intégrent la majorité sous Pompidou.

La majorité doit encore s'élargir en 1974 sous Giscard et des éléments se disant de gauche entrent dans la majorité. Pendant ce temps le Parti Socialiste continue à se dire anti-capitaliste.

En 1981 on peut croire que le courant est inversé, c'est à dire que la majorité politique est anti-système. Mais très vite, en 1983, on peut au contraire dire que la majorité pro-système a continué à s'élargir en y intégrant le Parti Socialiste et en stérilisant l'action du Parti Communiste. Les péripéties de cohabitation, Mitterrand - Chirac, Mitterrand - Balladur, Chirac - Jospin, ne font qu'illustrer la nécessité pour le système d'intégrer de plus en plus de forces politiques pour sa défense.

Sous Chirac puis sous Sarkozy des personnalités importantes de la "gauche" (les guillemets deviennent impératifs) se rallient à la droite : encore une illustration de la nécessité pour le système d'élargir son assiette politique.

La présidence Hollande est une aubaine pour le système : la "gauche" seule peut assurer sa défense. Mais le discours "il faut dépasser les clivages gauche-droite" montre que l'effet d'aubaine n'est pas considéré durable.

Avec la présidence Macron on atteint le paroxysme du phénomène : "gauche", droite, "société civile", tout venant politique se retrouvent pour assurer une majorité politique au système.

Mais l'assiette politique n'est pas l'assiette sociale. Si avant 1968 la majorité politique correspondait à une majorité du corps électoral cette correspondance s'est peu à peu dégradée. Malheureusement, pour différentes raisons internes mais aussi internationales, la perte d'électeurs pour les partis pro-système n'a pas été compensée par un gain d'électeurs pour les forces politiques anti-système.

Le mécontentement de plus en plus général, c'est à dire gagnant de plus en plus de classes sociales, s'est peu à peu stérilisé dans l'abstention et dans le rejet de la politique, rejet général qui n'épargne personne, même pas les forces qui n'ont jamais participé à la politique néfaste en faveur du système capitaliste.

Le rejet de la politique nécessite que les forces anticapitalistes proposent une alternance crédible. Le moindre soupçon d'"aller à la soupe" serait fatal.

Le rejet de la politique n'efface pas le mécontentement et le danger est que l'extrême droite capitalise ce mécontentement. En cela l'attitude négative de forces syndicales importantes comme la CGT face au mouvement des gilets jaunes a été une erreur qui peut coûter cher.

De même il est inconcevable que la sortie éventuelle de la France de l'Union Européenne soit cosidérée comme une idée scandaleuse et irrecevable de la part de forces anticapitalistes. Il ne faut pas croire que l'électorat est un ensemble de personnes incultes politiquement : l'idée, justifiée, que beaucoup de difficultés viennent du passage volontaire de pouvoir vers la Commission Européenne, passage volontaire de pouvoir pour imposer les contreréformes que le système capitaliste demande, est beaucoup plus ancrée que ne le pensent les européïstes béats. Ainsi par exemple, la juste lutte contre la privatisation de EDF doit exhiber la responsabilité de la Commission Européenne dans cette privatisation. Ne pas le faire c'est mentir par omission.

Le système perd donc son assiette sociale. Pour garder le pouvoir, l'absorption de nouvelles forces politiques ne pouvant pas se prolonger indéfiniment, il peut se contenter d'une abstention qui enlève toute légitimité à gouverner (mais ils sont sans gêne, exemple : le macronisme) ou alors tenter la carte de l'extrême droite. Dans les deux cas la révolte est non seulement nécessaire mais légitime. Il faut trouver le chemin de la révolte par la politique.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Ah tu verras !
Albums Photos
Pages
Derniers commentaires
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 6 857
Publicité