Des sardines jaunes ?

L'extrême droite a été battue en Émilie-Romagne. Ce scrutin régional italien avait une importance nationale et le résultat était très attendu. Le sinistre Salvini, politicien qui n'a rien à envier aux Orban et autres Trump, en avait fait une bataille stratégique pour prendre le pouvoir à Rome. Sa tentative de cet été, imposer des élections générales après avoir provoqué la chute du gouvernement auquel il participait, a échoué. Tout ceci est à mettre dans la colonne "positif" pour celles et ceux qui combattent l'extrême droite.

Mais il y a du "négatif". Comme en France, la poussée dangereuse de l'extrême droite est due à la crise du système politique qui permet l'alternance sans alternative. Ainsi depuis des années des prétendus gouvernements de "centre-gauche" ont pratiqué la même politique de gouvernements de centre-droite. Comme en France l'alternance sans alternative a pris un tournant incroyable : non seulement il n'y a pas d'alternative mais l'alternance se fait avec le même personnel politique. Macron, ministre de Hollande, prend la place de ce dernier. Mieux, en Italie Giuseppe Conte, premier ministre, prend la place de...Giuseppe Conte, accompagné de nombreux ministres du gouvernement Conte précédent.

Ainsi le danger de l'extrême droite n'est pas écarté. On pense plutôt "reculer pour mieux sauter".

Le mouvement des Sardines a permis, avec des rassemblements importants, serrés dans les places comme des sardines, la maigre victoire du "centre-gauche" qui dirige la région Émilie-Romagne depuis longtemps. Mais ce mouvement n'a pas voulu combattre la politique antisociale du gouvernement Conte ni dénoncer la politique très antisociale des gouvernements "centre-gauche" précédents. Le principal allié de Conte dans le gouvernement, N.Zingaretti, est issu du Parti Démocratique qui a gouverné de nombreuses années et mis en place des contre-réformes sur le droit du travail et le système des retraites.

En France le mouvement des Gilets Jaunes peut s'analyser à la fois comme une opposition directe à la politique du pouvoir et, par la volonté très affichée d'indépendance politique, une dénonciation de "l'alternance sans alternative".

En Italie le mouvement des Sardines peut s'analyser comme le refus de l'extrême droite.

Il faut dans les deux pays synthétiser les deux volontés sous peine d'avoir l'alternance sans alternative mais avec l'extrême droite.

La lutte historique du salariat français, rejoint par de nombreuses autres professions, contre la réforme macroniste du système des retraites peut être le catalyseur pour la synthèse.